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Les dys face aux préjugés de la société : comment s'intégrer ?

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Les dys face aux préjugés de la société : comment s'intégrer ?

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Les dys face aux préjugés de la société : comment s'intégrer ?

Déconstruire les préjugés de la société sur les troubles dys : comprendre et adapter les environnements scolaires et professionnels.

Les dys et les idées reçues de la société : les dépasser pour mieux s’intégrer

8 % de la population souffrent de troubles des apprentissages. Chacun a rencontré, à l’école ou en entreprise, un camarade ou un collègue dyslexique. Pourtant, la plupart passent inaperçus. Pourquoi ? Parce qu’ils s’adaptent avec force aux situations et esquivent celles qui peuvent les mettre en difficulté. Affronter le regard de l’autre sans cesse affectent l’estime de soi. Les dys doivent faire face aux idées reçues de la société. Et il est grand temps de les déconstruire. Être porteur d’un trouble des apprentissages implique une gestion bienveillante et intelligente de leurs spécificités. Avec un point de vue neuf et un peu de flexibilité, s’intégrer dans le monde du travail devient plus facile.

Les dys face aux préjugés de la société 

Les a priori sur les troubles neurodéveloppementaux sont nombreux. Leur reconnaissance par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) est récente, elle ne date que des années 90. Les études scientifiques et les neurosciences continuent à explorer ces dysfonctionnements dans les apprentissages. Les spécialistes parfois se contredisent et tout un chacun y va alors de ses conclusions hâtives.

« Fais un effort ! Applique-toi ! » et autres injonctions pleines de bonnes intentions (ou pas !) sont courantes pour les porteurs de troubles dys. On les accuse de ne pas y mettre du leur, d’être fainéants et dispersés. L’entourage familial, scolaire ou professionnel, attend une petite impulsion et un regain d’attention pour contrer les problèmes. La liste des idées reçues est inépuisable, en voici un florilège.

Les troubles des apprentissages disparaissent à l’âge adulte ?

Faux. Un enfant dys, ou ayant un déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H), deviendra adulte avec ses troubles. Ils sont le résultat d’une construction neurodéveloppementale, ils sont donc permanents. La différence tient dans la manière dont les jeunes apprennent à masquer et à compenser leurs difficultés jusqu’à passer inaperçues. Elles sont toujours présentes, mais elles sont habilement esquivées ou palliées.

Avec de l’entraînement de lecture ou d’écriture, la dyslexie disparaît ?

Faux. La dyslexie se rééduque, elle ne disparaît pas. Ce trouble du langage écrit est persistant et il se différencie d’un simple retard dans les apprentissages. Faire lire et écrire l’enfant massivement est une réelle surcharge cognitive. Ces pratiques le replacent face à ses difficultés sans pouvoir l’aider. Au contraire, le maintien d’une activité ciblée chaque jour contribue au maintien de ses acquis et à l’amélioration de ses performances. Différentes professions paramédicales accompagnent la rééducation et proposent des outils de remédiation. On y retrouve l’orthophoniste, le psychomotricien, l’ergothérapeute et le neuropsychologue.

Les dysphasiques ont un retard de parole ?

Faux. La dysphasie retarde l’émergence du langage et de la parole. Des dysfonctionnements cérébraux modifient le chemin neurologique habituel. Ils peuvent entraîner des difficultés à comprendre ou à utiliser le langage oral. C’est un peu comme si la personne atteinte de dysphasie n’avait pas les bons outils (mots, élocution, etc.) pour restituer sa réflexion. En d’autres termes, un dysphasique est intelligent. Certains retards cognitifs peuvent engendrer un trouble de la parole, du geste ou de l’écriture, mais ces manifestations sont des comorbidités. 

Il y a de plus en plus de dys ?

Faux. La proportion de troubles des apprentissages n’est pas plus importante aujourd’hui qu’aux siècles passés. On retrouve des traces de dyslexie chez certaines personnes connues, comme Léonard de Vinci. Les parents et les enseignants sont davantage sensibilisés et vigilants. Le dépistage et le suivi sont améliorés, même si la longueur des listes d’attente pourrait en faire douter.

Un dyslexique est un artiste en devenir ?

Faux et vrai. Non, les dyslexiques ne deviendront pas tous des peintres de renom. Oui, les parents et l’entourage constatent souvent une appétence pour les domaines artistiques et sportifs. Leur fonctionnement dit neuroatypique les conduit fréquemment vers la créativité. Pourquoi cette prédominance ? Il semblerait que leur schéma neuronal puisse favoriser l’inventivité. La faculté des dyslexiques à se représenter un objet en trois dimensions serait une explication. La pensée en image est également courante chez les dys. L’élément incontestable qui alimente leur imagination est leur capacité à s’adapter aux situations. Leur ingéniosité est sollicitée en permanence pour contourner des difficultés. Quant au sport, il offre une occasion de décharger les tensions physiques et il fait aussi partie des domaines où les troubles passent inaperçus.

💡 Quelle orientation scolaire pour un enfant dyslexique ? Retrouvez les conseils de Poppins.

Le handicap invisible des troubles des apprentissages

Parler d’invalidité met tous les voyants au rouge. La limitation d’activité se conçoit habituellement de manière binaire : physique ou mentale. Les raccourcis deviennent des stéréotypes qui alimentent la pensée collective. Les dys sont face aux préjugés de la société pour qui être handicapé suppose une incapacité visible : infirmité motrice ou déficience cognitive. Dans la loi de 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la définition est bien plus vaste. Le handicap est une « limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant. »

Les troubles dys constituent bel et bien un handicap invisible. Ils limitent les enfants puis les adultes dans leur vie scolaire puis professionnelle. Ils font parfois l’objet d’une reconnaissance auprès de la maison départementale pour les personnes handicapées (MDPH). C’est une possibilité et pas une obligation. Le poids des troubles du développement sur les tâches du quotidien détermine la pertinence de déposer un dossier. Démarches administratives ou non, la stratégie la plus commune pour un dys reste de se fondre dans la masse.

Esquiver et compenser les difficultés

Le besoin d’appartenance à un groupe est fondamental. Pour prévenir l’inconfort et la souffrance de se sentir différent, l’enfant dys met en place de nombreux stratagèmes pour ne pas être en difficulté. Les anecdotes sur des élèves qui compensent la lecture en mémorisant le texte sont fréquentes. D’autres racontent comment certains attendent qu’un camarade prenne la parole pour leur faciliter la mise en mots. À l’âge adulte, ces mêmes personnes vont éviter de lire, d’écrire, de parler en public. Ils redoublent d’efforts en permanence.

Pourquoi les porteurs de troubles neurodéveloppementaux se fondent-ils dans la masse ? L’objectif numéro un est de rester discret et d’agir comme tout le monde. Leur handicap est invisible, les limitations dont ils souffrent ne se voient pas. Pire encore, les idées reçues et autres raccourcis ont la vie dure. Le plus souvent, on mentionne la faute d’orthographe et non l’erreur, comme on évoquerait un manquement à la règle morale. Les dysgraphiques ou dyspraxiques sont qualifiés de désordonnés ou de négligés. Le trouble et l’individu sont confondus. Depuis la loi de 2005, on parle de personne en situation de handicap, et non plus de handicapée, pour dissocier l’individu de son trouble. La remédiation se centre sur les besoins et non plus sur les faiblesses.

Oser s’affirmer et prendre sa place

Pour aider les dys à faire face aux préjugés de la société, la solution est dans les adaptations et la reconnaissance sociale. Des outils numériques existent pour compenser les difficultés comme : 

  • les correcteurs orthographiques ;
  • les logiciels de reconnaissance et de synthèse vocales ;
  • la copie sur ordinateur plutôt qu’à la main ;
  • l’intelligence artificielle et les générateurs de textes ;
  • etc. 

Mais pour les utiliser, encore faut-il que l’information passe dans les milieux scolaire et professionnel. Un outil de compensation ne nie pas les compétences d’une personne. C’est un soutien, parfois même une aide indispensable. Pour que les dys osent affirmer leurs troubles et leurs caractéristiques, la société doit reconnaître leurs besoins spécifiques.

Certains ont pris leur place de manière ostensible. Et c’est tant mieux ! Justine Vilgrain, stratégiste créative des arts numériques, en est l’exemple inspirant. Elle-même dyslexique, elle a connu un parcours scolaire compliqué et pourtant brillant. Dans l’épisode 3 de la saison 2 du podcast Poppins, D comme Dys, elle raconte son vécu. Elle évoque le jour où elle a interpellé le président de la République Emmanuel Macron sur les besoins des dys. L’orthographe de sa lettre manuscrite devient une sorte de manifeste sur le quotidien des porteurs de troubles des apprentissages. De son expérience, elle a créé une certification : le Certified Dyslexic Logo/DYS Logo. Son initiative œuvre pour sensibiliser et soutenir les personnes dys. Avec ces tampons, le handicap neuroatypique est rendu visible, y compris dans les entreprises. En l’affichant, la communication est claire, les erreurs éventuelles sont comprises.

Le monde du travail et ses a priori sur les dys

Dans le milieu professionnel, la peur de la différence est souvent plus prégnante puisque les enjeux sont économiques.

La peur de la différence

Envoyer des mails truffés d’erreurs donne des sueurs froides à plus d’un responsable. L’orthographe reste une vitrine sociale. Maîtriser l’art de la parole et de l’écriture est un enjeu stratégique et économique. 52 % des directeurs des ressources humaines (DRH) assurent que le niveau d’orthographe joue dans la mise à l’écart des candidatures (sondage d’OpinionWay de 2019). 92 % des recruteurs considèrent que des problèmes orthographiques peuvent avoir une incidence sur l’image de l’entreprise. D’autres reconnaissent que ces lacunes ont pu « freiner une promotion ». Et c’est sans compter les réflexions quotidiennes auxquelles les porteurs de troubles neurodéveloppementaux sont confrontés.

Pour les dys, faire face aux préjugés de la société s’envisage de deux façons. Soit ils esquivent, comme nous l’avons vu précédemment, soit ils adoptent des moyens de compensation. Dans tous les cas, ils restent discrets. 59 % des dyslexiques déclarent cacher leur trouble lors d’un entretien d’embauche et 50 % continuent à le faire dans leur travail quotidien (étude CSA pour LinkedIn France, 2023).

Et si les entreprises osaient faire un pas de côté en considérant autrement ces handicaps invisibles ?

L’adaptation et le discernement

Pour se permettre d’utiliser des moyens de compensation, l’entreprise doit reconnaître les besoins de ses salariés. L’ajustement fonctionne dans les deux sens. Elle peut afficher sa politique d’inclusion avec une démarche telle que le Logo Certified Dyslexic. Elle se concentre sur les atouts et les talents de ses employés en modifiant le poste ou opère des adaptations. La combinaison des forces de son personnel est une richesse dont elle ne doit pas se priver. De nombreuses alternatives sont simples à mettre en place :

  • Limiter la rédaction ;
  • Utiliser d’autres méthodes de communication écrite (carte mentale, sketchnote, pictogrammes, listes à puces, etc.) ;
  • Utiliser une police simple (Verdana, Arial) et agrandie (taille 14) ;
  • Recourir à des modèles de mails ;
  • Instaurer un correcteur orthographique ;
  • Fractionner les tâches et donner plus de temps.

La liste n’est pas exhaustive, elle s’enrichit des expériences de chacune et de chacun.

Le dépassement des préjugés

Les métiers créatifs restent encore les plus ouverts aux porteurs de troubles neurodéveloppementaux. Le graphisme, l’architecture, le design ou l’art sont des domaines où les codes institutionnels prennent moins d’espace. Est-ce le seul secteur où s’installer ? Sûrement pas ! La place des dys est partout. L’inclusivité concerne toutes les entreprises. Améliorer les conditions de travail ne s’arrête pas à l’aménagement des postes. La reconnaissance du handicap est un processus collectif et social. Une sensibilisation des équipes est indispensable pour faire évoluer les pratiques. Fréquemment, les adaptations établies profitent à tous les collaborateurs. La fédération française des dys (FFDYS) est un des partenaires de Poppins. Elle met à disposition un fascicule pour aider les entreprises à comprendre les troubles neurodéveloppementaux au travers de conseils simples et pragmatiques. 

Des dirigeants de grands groupes ont compris que ces profils atypiques ont des compétences à valoriser, à condition de sortir des a priori. Certains d’entre eux ont, par exemple, une dyslexie ou un trouble de l’attention avec lequel ils ont dû composer. Les dyslexiques reconnaissent avoir rencontré des difficultés, mais ils estiment avoir développé de nombreuses qualités (étude CSA pour LinkedIn France, 2023). Ils se sentent plus créatifs, persévérants et à l’écoute. Ils constatent disposer de bonnes capacités de mémorisation, d’organisation, d’analyse et d’esprit critique. 

Les tabous sur les dys sont bel et bien à briser et les porteurs de troubles ne pourront pas y parvenir seuls. C’est pour cette raison que le Club Poppins propose un soutien et une information auprès des parents. Ce service enrichit l’accompagnement des enfants. Plus les besoins sont reconnus et repérés tôt, plus les stratégies de compensation sont efficaces pour :

  • rééduquer les difficultés en lecture et en écriture ;
  • améliorer la connaissance des troubles des apprentissages ; 
  • partager des informations auprès des familles et de leur entourage ;
  • communiquer largement sur la réalité des troubles neurodéveloppementaux.

La dyslexie, la dyspraxie, la dysorthographie, la dyscalculie ou le trouble de l’attention sont des handicaps invisibles. Mais ils ne sont pas des freins à une vie personnelle et professionnelle épanouie. Déconstruire les préjugés sur les troubles dys est une tâche collective qui nécessite des efforts continus dans les milieux scolaires et professionnels. En reconnaissant leurs besoins spécifiques et en adaptant nos environnements, nous pouvons faciliter l’intégration et valoriser les compétences uniques des personnes dys. 

➡️ Retrouvez la démarche de Poppins et son engagement dans la prise en charge des troubles dys.

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