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Le harcèlement scolaire chez l’enfant dys : identifier et protéger

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Le harcèlement scolaire chez l’enfant dys : identifier et protéger

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Le harcèlement scolaire chez l’enfant dys : identifier et protéger

Comprendre les signes et les conséquences du harcèlement scolaire chez l'enfant dys pour mieux le protéger et l'accompagner.

Le harcèlement scolaire chez l’enfant dys : comprendre et prévenir les risques

5 % des écoliers sont touchés par le harcèlement. Parmi eux, 6 enfants sur 10 sont porteurs de troubles du neurodéveloppement. Ces comportements ne sont pas nouveaux. Leur médiatisation porte la voix des victimes. Elle pousse les adultes à leur devoir de protection et de lutte contre les persécutions à l’école. Harcelés ou harceleurs, les jeunes peuvent s’en sortir s’ils sont accompagnés. Identifier les mécanismes des violences est l’un des facteurs de prévention du harcèlement scolaire de l’enfant dys.

Quels sont les signes du harcèlement scolaire chez les enfants dys ?

Toute brimade n’est pas du harcèlement. Tout comme quelques signes discrets ne sont pas la garantie d’une situation anodine. Les abus prennent de multiples formes du côté des auteurs comme des boucs émissaires.

Définir le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement

Dan Olweus, psychologue suédo-norvégien, a travaillé sur ce sujet. Il en donne une définition très précise.

Un élève est victime de harcèlement lorsqu’il subit, de façon répétitive, des actes négatifs de la part d’un ou plusieurs élèves. Un comportement négatif peut se produire lorsqu’un élève, ou un groupe d’élèves infligent un malaise à un autre élève, que ce soit de manière physique (frapper, pousser, frapper du pied, pincer, retenir autrui) ou verbale (menaces, railleries, taquineries et sobriquets). Les actions négatives peuvent également être manifestées sans paroles ni contact physique (grimaces, gestes obscènes, ostracisme ou refus d’accéder aux souhaits d’autrui). (Dan Olweus)

Pour qu’une situation soit reconnue comme du harcèlement, elle répond à plusieurs critères. 

  • La violence : un rapport de force et de domination est exercé par un ou plusieurs élèves sur une ou plusieurs cibles.
  • La répétitivité : les agressions se répètent et s’installent dans le temps.
  • L’isolement : la cible est identifiée comme une personne vulnérable.

Le cyberharcèlement est le prolongement en ligne de ce phénomène (réseaux sociaux, groupe de discussion, etc.). 

Reconnaître les formes de discriminations à l’école

L’angle d’attaque des intimidateurs part de la stigmatisation d’une différence.

  • L’apparence physique : taille, poids, couleur de peau ou de cheveux, vêtements.
  • Le sexe : genre, orientation sexuelle, stéréotypes de genre.
  • Le handicap : physique, psychique ou mental.
  • La communication : diction, voix, entrée en relation atypique.
  • L’appartenance à un groupe.
  • Les centres d’intérêt : jeux, sports, etc.
  • Le niveau et les résultats scolaires.

Le moindre détail devient un prétexte pour humilier l’autre sans relâche et sous différentes formes. On retrouve : 

  • des brimades, des moqueries, des surnoms et des sobriquets, des insultes ;
  • des menaces, des intimidations, des propagations de rumeurs ; 
  • des bousculades, des coups, des gestes déplacés ou humiliants ;
  • l’appropriation ou l’extorsion d’objets, d’argent ou de nourriture (racket).

Le cyberharcèlement est propre à une diffusion sur le Web ou sur des canaux de communication. Il se caractérise par : 

  • la propagation ou le détournement de photos ou de vidéos ;
  • l’usurpation d’identité et le piratage de compte chez les adolescents ;
  • une conversation ciblée contre un camarade au sein d’un groupe de discussion ou d’un réseau social ;
  • des échanges de contenus à caractères sexuels chez les plus grands.

Dans ce contexte déplorable, les spécificités des élèves porteurs de troubles des apprentissages deviennent un terrain de jeu sordide pour les intimidateurs.

Identifier les protagonistes

Si le harceleur avait un profil type, la situation serait plus simple à gérer. L’auteur serait identifié rapidement. Les persécutions cesseraient. Dans les faits, les conditions sont complexes. 

  1. Le harceleur d’aujourd’hui est peut-être la victime de demain. Et inversement. 
  2. Le protagoniste agit dans un écosystème dans lequel on retrouve d’autres acteurs :  
    • les suiveurs (ils encouragent et soutiennent le leader) ;
    • les témoins passifs (ils voient, mais n’agissent pas) ;
    • les témoins actifs (ils essaient de défendre leur camarade persécuté). 

Toute la communauté éducative doit rester en éveil permanent sans négliger le moindre fait suspect. L’intimidateur n’a pas de portrait-robot. Il est souvent en recherche de reconnaissance et de valorisation. Peut-être a-t-il lui-même subi des maltraitances à l’école ou dans sa famille. Il se venge et prend le pouvoir. L’autre est un moyen de se mettre en avant et de s’identifier à un groupe. 

Quant aux suiveurs ou aux témoins passifs, ils n’identifient pas forcément la portée de leurs actes. Les discriminations sont perçues comme légitimes, voire amusantes. Régulièrement, les élèves impliqués disent ne pas avoir vu le mal-être, l’humiliation ou la violence de leurs agissements.

Quelles sont les conséquences des intimidations à l’école pour la victime et pour le harceleur ?

Les humiliations sont un fléau aux conséquences dévastatrices et parfois dramatiques. Elles déconstruisent l’identité et l’estime de soi. Elles créent une relation à l’autre déformée. Sans pédagogie, la domination et les discriminations sont banalisées et systématisées.

Les impacts psychologiques et émotionnels

La peur et les troubles anxieux

Le harceleur isole sa proie en instaurant un climat malsain et insécurisant. L’enfant visé est dans l’incapacité de riposter, il n’ose pas demander de l’aide. La peur des représailles tétanise la cible. Elle se mure progressivement dans le silence. Les troubles anxieux l’envahissent (troubles du sommeil, maux de tête, vertiges, nausées, maux de ventre, etc.)

La dépression

Quand l’anxiété s’installe durablement, elle cède la place à la dépression. L’enfant perd le goût de jouer. Il se détourne de ses centres d’intérêt. Il s’éteint. Son sommeil est durablement perturbé. Les manifestations de stress deviennent chroniques.

L’estime de soi

Les persécutions subies à l’école sont comme une bombe à retardement. Elles détruisent l’image du jeune et rongent sa confiance. La perception de son image se dégrade au fur et à mesure que les attaques se répètent. Et la chute est d’autant plus facile que l’élève connaît déjà des difficultés en classe qui perturbent ses émotions et altèrent son estime de lui-même. 

Les conséquences sur les apprentissages et la vie scolaire

Le harcèlement chez l’enfant dys a la particularité de s’ajouter à des échecs scolaires répétés. Cette surexposition le rend plus vulnérable (fatigabilité, hypersensibilité). Lorsque ses différences deviennent sources de moqueries et de stigmatisation, il est surexposé aux dégâts psychologiques. Cette double peine finit par augmenter son absentéisme. Une phobie scolaire s’installe. Les maux de ventre et les crises d’angoisse l’empêchent d’aller à l’école. Les adultes mettent ce décrochage sur le dos de son trouble dys. Ses difficultés dans les apprentissages cachent alors la violence qu’il endure quotidiennement. 

Les répercussions dans la vie de l’enfant

Les conséquences du harcèlement scolaire peuvent aller jusqu’au traumatisme et au mécanisme de sidération psychique. La peur devient tellement envahissante que l’enfant est comme paralysé, incapable de réagir. Il se replie sur lui-même. Muré dans le silence, il tente de se sortir seul de ce traquenard ou, à l’inverse, il intériorise ses ressentis. Son attention est accaparée par le stress émotionnel et psychique. Il perd le goût de pratiquer ses activités favorites. Il ne veut plus voir ses amis. La perte d’estime de soi ouvre la porte à la négligence. Il finit par se sentir responsable. La relation à l’autre est biaisée. Différentes réactions s’observent. 

  • L’enfant s’isole, incapable de tisser de nouveaux liens. 
  • Il peut entretenir le rapport de domination et d’humiliation avec ses bourreaux. La relation toxique se banalise et devient la seule façon d’intégrer le groupe, même s’il y a une grande souffrance. 
  • Les intimidations deviennent insupportables et la victime se venge auprès d’un autre enfant. Il devient à son tour harceleur. 
  • Dans de rares cas, la situation est tellement dramatique que l’enfant se met en danger pour faire cesser la violence. 

L’auteur Christopher Boyd s’est confié au podcast D comme dys sur son parcours multi-dys et tous les défis qu’il a dû relever. Avec sa BD, Moi, dyslexique, il a choisi l’humour et l’imaginaire comme support de communication. Ça marche pour les enfants comme pour les plus grands ! La responsabilité des adultes est immense pour casser ce schéma relationnel toxique.

Comment prévenir le harcèlement scolaire des enfants dys ?

Les parents, les enseignants et tous les éducateurs autour d’un enfant porteur de troubles des apprentissages doivent être doublement en alerte. Ses échecs scolaires le malmènent et sont une source potentielle de moqueries.

Rester à l’affût des détails et ne pas minimiser

De hauteur d’adultes, les conflits d’enfants paraissent souvent anecdotiques. « C’est rien, ça va passer. », « N’en fais pas toute une histoire, c’est pour rire ! », « Ne fais pas attention aux autres », etc. Le parent pense rassurer le jeune en diminuant la portée des actes ou des propos rapportés. L’entourage lui dit qu’il doit apprendre à se défendre.

Pendant ce temps, les harceleurs continuent à agir. L’enfant agressé intériorise et banalise ce qu’il vit. Il se dit qu’après tout, c’est peut-être normal. Ça va passer. Mais la situation de harcèlement scolaire perdure tant qu’une personne référente n’intervient pas. Le harceleur doit pouvoir percevoir la portée de ses actes et de ses mots. La victime doit être reconnue et accompagner. Au-delà de la question de la sanction, c’est celle de l’éducation qui est en jeu. 

Réagir et informer le personnel éducatif

Que ce soit l’élève cible ou les témoins, ils ne pourront parler qu’à la condition de se savoir écoutés. Une relation de confiance entre les enfants et les adultes est capitale pour que la parole se libère. Les parents sont à l’écoute de leur enfant. Chaque changement de comportement, chaque doute doit être rapporté aux enseignants sans accuser ni accabler, mais en alertant les équipes. Dans certains cas, un dépôt de plainte est à envisager. Mais la première réaction est de contacter les professeurs ou les éducateurs. 

L’association e-Enfance a mis en place un numéro d’appel gratuit et anonyme le 3018. Chaque année, elle sensibilise des enfants, des adolescents, des parents et des professionnels. Elle offre une écoute et un soutien aux jeunes victimes de harcèlement scolaire ou numérique. En cas de doute, la plateforme d’appel oriente les parents vers le bon interlocuteur. Les groupes de parole sont aussi un soutien essentiel pour les familles. La communication et la prévention sont les clés pour faire cesser les intimidations scolaires.

Soutenir et accompagner l’enfant dys

Alerter et dénoncer une situation de harcèlement est la première démarche pour faire cesser les intimidations et rééquilibrer les relations. Et après ? Après, la phase de reconstruction commence. La parole de l’enfant est accueillie. Son traumatisme est reconnu. Un suivi chez un professionnel de santé, comme un psychologue, est un relais précieux, voire indispensable. Des mots doivent être posés pour définir ce que l’enfant ressent et les actes doivent être nommés clairement. Dans le Club Poppins, nous proposons des carnets d’estime de soi et de gratitude pour accompagner l’expression des émotions.

La psychologue de l’Éducation nationale fait partie des interlocuteurs qui peuvent se mobiliser à l’école, au collège ou au lycée. Le ministère de l’Éducation nationale a bâti un programme de lutte contre le harcèlement (pHARe). Son but est de : 

  • prévenir ces phénomènes ;
  • former les équipes ;
  • développer une communauté protectrice ;
  • associer les parents et les différents partenaires ;
  • mobiliser les instances dédiées.

Tout cet écosystème favorise la libération de la parole (enfants comme parents) et donne un cadre autour de la communauté éducative. 

Et les harceleurs ? Doivent-ils être maudits ou jetés au  ? La sanction est-elle suffisante ? Non. Rappelez-vous, l’agresseur d’aujourd’hui est peut-être l’agressé d’hier. Les intimidateurs ont souvent, eux aussi, une estime d’eux-mêmes dégradée. L’autre est le moyen de se valoriser, du moins, le pensent-ils. Si les harceleurs sont accompagnés et éduqués, les persécutions diminuent.

Depuis quelques années, la violence scolaire est largement médiatisée. Et tant mieux ! La communication qui en est faite participe à la libération de la parole. Elle rappelle aussi les protagonistes à la règle. Sur les 4 à 6 % d’élèves touchés, 6 sur 10 ont des troubles des apprentissages. Ces spécificités augmentent le risque de harcèlement scolaire chez l’enfant dys. Toute la communauté éducative doit s’unir pour désamorcer ces phénomènes. La prise en charge des victimes de violence scolaire, comme des intimidateurs, est primordiale. Les enfants et les adolescents ont besoin d’être éduqués pour construire des relations sociales équilibrées.

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