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Faire des fautes d’orthographe avec des troubles dys, c’est grave ?

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Faire des fautes d’orthographe avec des troubles dys, c’est grave ?

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Faire des fautes d’orthographe avec des troubles dys, c’est grave ?

Comprendre et gérer les fautes d'orthographe liées aux troubles dys : impacts scolaires, professionnels et solutions adaptées.

Depuis la fin des années 80, le niveau d’orthographe des élèves a continué de baisser. Les enseignants et les parents se désespèrent. Et le milieu professionnel en fait autant, lassé de voir les candidats et les salariés faire autant d’erreurs à l’écrit. 86 % des employeurs estiment même que la maîtrise de l’écriture est une compétence prioritaire. Mais quand l’élève ou l’employé sont porteurs d’une dyslexie ou d’une dysorthographie, on fait comment ? Quel est le parcours des personnes dys entre la salle de classe et leur futur métier ? Faire des fautes d’orthographe liées aux troubles dys présente des spécificités. Elles sont à considérer pour améliorer le parcours de chacun.  

Comprendre les erreurs orthographiques des personnes dys

Le non-respect des règles d’écriture renseigne à la fois sur les formes de dysorthographie ou de dyslexie et sur la place de l’écrit dans la société. 

Le poids des mots… et de l’orthographe

Maîtriser l’art du langage est un atout au quotidien. L’expression de la pensée est facilitée, à l’oral comme à l’écrit. De l’Antiquité à aujourd’hui, maîtriser les mots fait partie des aptitudes fondamentales. Mais nous ne sommes pas égaux. En plus de nos qualités propres, les troubles neurodéveloppementaux bousculent les a priori. Et si écrire sans faute était bien plus qu’une histoire d’étourderie ?

Une copie ou une lettre de motivation truffée de fautes remettent en question l’intelligence de son auteur. Les recruteurs jugent leurs candidats sur leur maîtrise des règles du français et discréditent leur crédibilité professionnelle. Écrire serait révélateur de l’intellect ? Eh bien non ! L’orthographe n’est qu’une norme créée par les hommes et leurs usages de la langue. Faudrait-il l’assouplir, voire s’en affranchir ? Non plus ! Elle est nécessaire pour faciliter la compréhension de l’écrit (pensez à Cendrillon, à son soulier de vair [fourrure] devenu un soulier de verre, au fil du temps). 

Une réforme en 1990 a bien tenté de la faire évoluer, pour faciliter son écriture et quelques règles d’accord. Beaucoup d’encre a coulé… et de nombreux usages ont perduré. L’orthographe est le patrimoine de la langue française. Et pour un enfant dyslexique ou dysorthographie, elle est un véritable calvaire.

En plus d’engager la connaissance et l’utilisation des règles orthographiques, écrire mobilise la coordination du geste moteur œil/main et son automatisation. Cette double tâche cognitive s’ajoute aux autres efforts à fournir. Fréquemment, les personnes dyslexiques sont en difficulté avec l’apprentissage de l’orthographe. Elles cumulent parfois une dysorthographie avec leur dyslexie ou bien un trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H). Leur conscience phonologique (perception des sons) étant souvent déficitaire, elles peinent à associer les graphèmes (lettres) avec les phonèmes (sons) et inversement. Chez les dys, les causes de leurs difficultés sont généralement multifactorielles. .

Les différents types d’erreurs

Une dictée criblée de fautes et l’enfant dys voit rouge… Les repérer doit servir à comprendre d’où viennent les difficultés et non à sanctionner son auteur. Troubles des apprentissages ou non, chacune rentre dans quatre grandes catégories. Lors d’un trouble spécifique du langage écrit, les identifier facilite la connaissance de la dysorthographie. Définir les écarts à la norme d’écriture donnent des clés à l’orthophoniste et à l’enseignant pour aider l’enfant dys.

L’orthographe phonétique

Elle met en lien les sons (phonèmes) avec les lettres (graphèmes). Leur assemblage produit des sons différents. Elle est la première orthographe abordée dans l’apprentissage de la lecture et de l’écriture.

L’orthographe lexicale

Elle régit la façon d’écrire un mot en respectant à la fois :

  1. la correspondance entre les sons (les phonèmes) et les lettres (les graphèmes) ;
  2. la norme (écriture dans le dictionnaire).

Elle permet par exemple de distinguer les mots qui se prononcent de la même façon, mais qui s’écrivent différemment (les homophones). 

Exemple : L’oazo et en eau du pain. Correction : L’oiseau est en haut du pin. 

L’orthographe grammaticale

Elle coordonne les accords dans les groupes de mots (ex. : accord de l’adjectif avec le nom et du déterminant, accord du verbe avec le sujet, etc.). L’usage de la conjugaison en fait partie.

Exemple : Les chaton joues avec la ficelle bleu. Correction : Les chatons jouent avec la ficelle bleue.

L’expression syntaxique

Elle organise la combinaison des mots dans les phrases. Elle orchestre les expressions syntaxiques et se charge de « ce qui se dit ou ne se dit pas ».

Exemple : Il va au coiffeur. Correction : Il va chez le coiffeur.

Une même personne dysorthographique ou ayant une fragilité avec l’écriture peut commettre un type d’erreur ou toutes les combiner. En mobilisant toutes ses compétences linguistiques, elle se retrouve en situation de multitâches cognitives. Ce qui fragilise son orthographe (phonétique, lexicale et grammaticale).

Identifier les impacts des fautes d’orthographe avec des troubles neurodéveloppementaux

Quelle que soit l’orientation scolaire ou professionnelle de l’enfant dysorthographique, maîtriser les règles d’orthographe est une étape incontournable. Tout son parcours est soumis à l’application de ces règles d’écriture :

  • les dictées ;
  • les rédactions ;
  • les dissertations ;
  • les CV ;
  • les lettres de motivation ;
  • les mails, 
  • les rapports ;
  • les présentations ;
  • etc.

Dans la scolarité

L’exercice le plus redouté d’un écolier reste probablement la dictée. Les élèves exercent leurs capacités à écrire des mots et à les accorder entre eux en réinvestissant les règles apprises en classe. En amont, l’enseignant donne des listes de mots à apprendre à la maison. Et le calvaire de l’enfant dysorthographique ou dyslexique commence. La particularité de ces troubles est de toucher le langage écrit. La mémorisation des mots leur pose un problème autant que la correspondance entre les sons et les lettres (encodage graphophonologique). Leur perception des sons (conscience phonologique) est fragile, tout comme leur mémoire de travail.

Toutes les situations scolaires qui font appel à la lecture et l’écriture sont source de difficulté. Un enfant dys va mobiliser toute son énergie pour écrire les mots et les agencer entre eux au détriment du reste. Par exemple, certains enfants connaissent la règle de grammaire pour accorder l’adjectif avec le nom, mais ils sont incapables de l’appliquer. Des aménagements scolaires sont indispensables pour éviter la mise en échec à chaque situation d’écriture. 

Aux examens

L’orthographe pure est évaluée uniquement dans l’exercice de la dictée. C’est le cas au collège pour le diplôme national du brevet en fin de 3ᵉ. Néanmoins, d’autres épreuves réservent une part de leur notation à la bonne application des règles. Les élèves dysorthographiques et dyslexiques sont directement pénalisés. Pour leur éviter d’être évalués injustement, deux mesures d’appui à la scolarisation définissent la passation et la correction des examens

  1. Le projet personnalisé de scolarisation (PPS) définit les aides : accompagnement humain, aménagements matériels. Il dépend de la maison départementale des personnes handicapées (MDPH). 
  2. Le plan d’accompagnement personnalisé (PAP) prévoit les aménagements et les adaptations pédagogiques sans qu’il y ait de reconnaissance de handicap. Le médecin scolaire coordonne sa mise en place.

 Les démarches doivent être réalisées bien avant la passation des examens pour : 

  • réunir les avis de différents professionnels de santé (orthophoniste, psychomotricien, psychologue,centre médico-psycho-pédagogique – CMPP, centre médico-psychologique pour enfant et adolescent – CMPEA, le service d'éducation spéciale et de soins à domicile – SESSAD, etc.)
  • attendre la mise en place des procédures administratives (constitution des dossiers, organisation des commissions) ;
  • tester les adaptations en classe ;
  • évaluer régulièrement la pertinence des aides.

Tous ces aménagements mettent l’élève dys en situation de pouvoir envisager son orientation scolaire en valorisant ses nombreuses compétences.

Dans la vie professionnelle

À l’âge adulte, les troubles des apprentissages ne disparaissent pas. Une personne dysorthographique ou dyslexique le reste toute sa vie. Par contre, elle apprend petit à petit à mieux connaître son trouble et à déjouer les pièges. Néanmoins, le monde de l’entreprise regorge de situations qui génère des problèmes. 

Une recherche d’emploi commence par la rédaction d’un CV et d’une lettre de motivation. Peu de secteurs échappent à l’écriture. Elle est même de plus en plus présente dans les entreprises. ⅓ des salariés passeraient au moins ¼ de leur journée à écrire. Et les métiers dits manuels ne sont pas épargnés. Ils sollicitent de plus en plus l’écrit : rédiger un rapport d’intervention, communiquer avec son supérieur par mail ou texto, etc. Autant de situations qui peuvent mettre en difficulté les personnes porteuses de ces handicaps invisibles. 

92 % des employeurs estiment que ces erreurs affectent leur crédibilité auprès de leurs fournisseurs et partenaires. Ils les assimilent à un manque de capacités, voire à une déficience cognitive. L’orthographe reste un marqueur social. Les écarts avec la norme d’écriture deviennent un baromètre pour évaluer le niveau culturel… sans questionner la possibilité d’un trouble neurodéveloppemental. C’est pourquoi les aménagements mis en place lors de la scolarité d’un enfant dys restent pertinents dans sa vie future.

Améliorer l’orthographe des dys, à l’école comme au travail

La rééducation des troubles est capitale pour accompagner l’enfant ou l’adulte. En plus d’offrir un temps d’apprentissage différent, la connaissance de leurs spécificités facilite les mesures de compensation. Dans bien des situations, éviter les erreurs passe par des outils et des stratégies autres.

L’adaptation des supports et des techniques

Reprenons la fameuse (et redoutée !) dictée. Demander à un élève dysorthographique ou dyslexique de réaliser la même dictée que ses camarades n’a pas de sens. Pire, il est mis en difficulté et passe une bonne partie de son énergie dans cet exercice… pour un résultat décevant. Alors, l’enseignant doit prioriser les compétences. La dictée à trous est un excellent moyen de concentrer l’attention et les efforts sur l’orthographe des mots. Elle fait également partie des aménagements possibles aux examens. 

Les méthodes d’apprentissage facilitent aussi le quotidien de l’écolier ou du collégien. Pour faciliter la mémorisation, différentes techniques sont à tester :

  • alléger la liste de mots à apprendre ;
  • visualiser le découpage des mots en syllabes avec des jetons pour améliorer la perception phonologique et la conversion lettre/son ;
  • épeler le mot en plus de l’écrire pour stimuler une autre voie d’accès aux mots ;
  • regrouper les mots par ressemblance pour construire une base de référence ;
  • utiliser l’orthographe illustrée pour mettre du sens sur l’écriture de certains mots irréguliers ou fréquents ;
  • etc.

Les outils numériques sont un support essentiel dans l’aménagement de la scolarisation. D’ailleurs, ils ne sont pas réservés aux bancs de l’école, ils ont toute leur place en entreprise.

L’aménagement du poste de travail et les outils d’assistance

Les technologies d’assistance numériques offrent un soutien aux personnes dys. La plupart du temps, ces solutions sont peu coûteuses et elles sont parfois intégrées dans les logiciels de bureau. Voici une liste non exhaustive :

  • taille de l’écran ;
  • reconnaissance vocale (l’ordinateur écrit sous la dictée) ;
  • correction orthographique (lexique, grammaire, ponctuation) ;
  • logiciels de prédiction de mots (l’ordinateur propose un mot d’après les premières lettres tapées et le sens du texte) ;
  • synthèse vocale (l’ordinateur lit le texte) ;
  • format des comptes-rendus de réunion (ex. : liste à puces plutôt qu’un texte rédigé, formatage des écrits avec une police d’écriture simple et aérée).

La fatigabilité des personnes dys est un autre facteur qui peut accentuer les erreurs orthographiques. Lorsque cela est possible, la répartition des tâches est une piste à explorer (ex. : relecture d’un courrier important par un collègue).

Les troubles des apprentissages sont reconnus comme des handicaps. L’entreprise doit donc les considérer depuis la phase de recrutement jusqu’à l’embauche. Une bonne communication est essentielle durant tout ce processus. En informant son employeur actuel ou à venir de sa dyslexie ou de sa dysorthographie, l’employé évite les malentendus. Il participe à une meilleure connaissance des troubles du langage écrit dans le monde du travail. C’est le pari fait par Justine Vilgrain, entrepreneuse et créatrice du tampon Certified Dyslexic. Elle milite pour la connaissance et la reconnaissance des troubles dys.

La communication sur les troubles dys au sein de l’entreprise

Pour améliorer la vie des salariés, la fédération française des dys (FFDYS) a élaboré un guide des bonnes pratiques au travail. Une des priorités est de se concentrer sur les compétences essentielles du poste. Lorsque l’écrit n’est pas le cœur de l’activité, il est plus facile de trouver des alternatives et des aménagements. Parce qu’au-delà de participer à l’inclusivité des handicaps invisibles, les avantages sont nombreux pour l’entreprise. Les employeurs ont tout à gagner à diversifier les profils de leurs salariés et collaborateurs. Pourquoi ? Parce que les personnes porteuses de troubles neurodéveloppementaux ont de multiples potentiels :

  • approche créative ;
  • ingéniosité ;
  • pensée imagée ;
  • résolution de problèmes
  • relations interpersonnelles ;
  • etc.

La liste des avantages est longue, elle vaut la peine de sensibiliser les équipes !

La maîtrise de l’écrit reste un marqueur social fort dans les milieux scolaires et professionnels. La baisse générale des compétences orthographiques conduit certains recruteurs à les considérer comme un critère de distinction. Celui qui maîtrise la langue, orale comme écrite, serait meilleur que les autres. Mais la situation est bien plus complexe. Les fautes d’orthographe liées aux troubles dys faussent cette analyse. Elles obligent les adultes, professeurs comme employeurs, à revoir leur copie ! La maîtrise des règles de grammaire, de syntaxe ou de conjugaison n’est pas un choix pour les personnes dysorthographiques ou dyslexiques. Leurs troubles perturbent la connaissance et l’application des règles d’écriture. Mais en aménageant leur scolarité et en adaptant les postes de travail, elles sont capables de développer leur plein potentiel. La véritable erreur serait de pointer leur orthographe et de ne pas voir leurs multiples qualités.

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